Cette lecture de l’histoire de la naturopathie est celle véhiculée par Passeportsanté.net.
Ses origines
Par sa nature et ses fondements, la naturopathie se rattache résolument à la tradition médicale de la Grèce antique. Les principes qui président de nos jours à la pratique naturopathique doivent beaucoup au « Corpus hippocratique » qui a constitué la base de la médecine occidentale, du Ve siècle avant Jésus-Christ jusqu’au début du XXe siècle. En voici les grandes lignes.
Primum non nocere – D’abord ne pas nuire. Les symptômes d’une maladie (la fièvre, par exemple) peuvent être des manifestations d’un processus de guérison. Par conséquent, leur suppression pure et simple peut causer plus de tort que de bien. Les interventions thérapeutiques doivent donc favoriser le processus naturel de guérison et non le contrer.
Vis medicatix naturae – La nature recèle son propre pouvoir de guérison. Le corps possède la capacité inhérente de préserver la santé et de la rétablir lorsqu’il l’a perdue. Au coeur de l’organisme vivant se trouvent les forces de vie permettant d’y parvenir. Le rôle du médecin ou du thérapeute consiste à faciliter l’accès à ces forces en découvrant et en éliminant les obstacles qui s’y opposent.
Tolle causam – Découvrir et traiter la cause. Le médecin doit rechercher les causes de la maladie plutôt que de tenter d’en supprimer les symptômes. La maladie est vue comme l’aboutissement ultime d’un dérèglement particulier. Le rétablissement de l’équilibre naturel ne peut se faire qu’en travaillant sur les causes à l’origine de ce dérèglement.
Docere – Enseigner. Le médecin doit guider son patient sur la voie de la guérison et l’aider à préserver sa santé de façon naturelle. Il doit donc lui enseigner à prendre soin de lui-même et à prendre en charge son propre processus de guérison, selon les principes suivants :
- L’approche holistique. Le thérapeute explique au patient que sa maladie est le fruit d’un ensemble complexe d’interactions entre les plans physique, mental, émotionnel et spirituel, et qu’il devrait intervenir sur chacun d’eux.
- L’alimentation. Il lui enseigne comment se nourrir de façon à obtenir tous les nutriments nécessaires à sa santé, afin d’éviter de recourir à des médicaments de synthèse ou à des interventions chirurgicales.
- La prévention. Il lui enseigne enfin comment agir sur son environnement et son mode de vie afin de maximiser ses forces et son bien-être et, au bout du compte, de réduire les risques de maladie.
L'évolution récente
À partir de la fin du XIXe siècle, au moment où toutes les sciences connaissent un essor fabuleux, la médecine découvre et intègre une foule d’approches empiriques allant de l’homéopathie à l’hypnose, en passant par les pharmacopées de diverses cultures. Aux États-Unis, le mouvement de la médecine éclectique a recours à de nombreuses approches médicales venues de la vieille Europe, d’Asie et des peuples amérindiens. Une panoplie de préparations d’herboristerie sont également fort populaires auprès des médecins de l’époque.
C’est dans cette mouvance que l’Allemand Benedict Lust (1870-1945), qui était médecin, ostéopathe et chiropraticien, fonde officiellement la naturopathie après avoir émigré aux États-Unis. En 1902, il inaugure, à New York, la première école de naturopathie : on y enseigne l’hydrothérapie, l’herboristerie, la nutrition, la physiothérapie, la physiologie, la psychologie et une foule d’autres techniques thérapeutiques.
C’est ainsi que, dans le premier quart du XXe siècle, s’ouvriront aux États-Unis quelques douzaines d’écoles de médecine naturopathique offrant des cours d’une durée variant de deux à quatre ans. Ces formations étaient souvent associées à des cours avancés en homéopathie ou en chiropratique, des techniques médicales qui connaissaient également à ce moment un essor important.
Parallèlement à ce foisonnement, se développait une médecine davantage axée sur les interventions chirurgicales dites « lourdes » et sur les médicaments de synthèse issus de l’industrie pharmaceutique naissante. Cette approche, perçue comme étant davantage « scientifique », finit par gagner la faveur des facultés de médecine des grandes universités de l’Occident. C’est cette direction que prend la médecine au cours des décennies qui suivent. Seuls les médecins formés dans les facultés de médecine sont alors autorisés à diagnostiquer et à traiter les maladies. Résultat : la majorité des écoles naturopathiques ferment leurs portes.
Cependant, à partir des années 1970, la naturopathie connaît un regain de popularité auprès du public. Quelques universités américaines commencent même à offrir une solide formation de quatre ans. C’est l’arrivée d’une nouvelle génération de naturopathes.
La naturopathie obtient une certaine reconnaissance au fil des ans. En 1983, l’Organisation mondiale de la Santé recommandait aux autorités médicales de tous les pays d’intégrer la naturopathie aux services de santé publics. En 1994, le gouvernement des États-Unis accordait, pour la recherche scientifique contre le sida, un budget à la Bastyr University, l’une des grandes écoles de naturopathie en Amérique du Nord.
Le statut actuel de la naturopathie
Dans cinq provinces canadiennes (la Colombie-Britannique, le Manitoba, la Nouvelle-Écosse, l’Ontario et la Saskatchewan) et une douzaine d’États américains, ainsi qu’en Australie, en Israël et dans quelques autres pays, on a commencé à autoriser les naturopathes à pratiquer une médecine de première ligne. Ils sont donc habilités à poser des diagnostics, à commander des analyses et des tests (radiographies, analyses de sang ou d’urine, etc.), à prescrire des traitements, à prodiguer des soins et à diriger les patients vers des médecins spécialistes.
Au Québec et dans la plupart des pays francophones d’Europe, la naturopathie n’est pas officiellement reconnue. Des associations de naturopathes travaillent toutefois en ce sens. Pour le moment, on peut y utiliser le titre de naturopathe, mais il ne désigne pas nécessairement des thérapeutes possédant une formation complète. De plus, leur pratique professionnelle n’est généralement pas soumise à des règles strictes. Ces naturopathes – quelle que soit la valeur de leur formation et de leurs compétences – ne sont pas autorisés à poser de diagnostics ni à prescrire de traitements médicaux. Ils ne peuvent qu’agir en tant que conseillers en santé, en complément des soins fournis par des professionnels de la santé dûment licenciés.
En Suisse, grâce à une évolution des mentalités, en 2009 une initiative constitutionnelle pour la reconnaissance des médecines complémentaires témoigne d’un tournant politique. Dès lors, l’art 118a de la Constitution fédérale prend en compte officiellement les médecines complémentaires et alternatives.
Selon l’Organisation du monde du travail de la Médecine alternative suisse OrTra MA, le métier de naturopathe a une longue tradition en Suisse et constitue une part importante de l’offre sanitaire. A l’heure actuelle, ce sont quelques 2500 naturopathes qui exercent dans l’ensemble des cantons. Le naturopathe avec diplôme fédéral est un professionnel de la santé qui traite, conseille et suit des gens souffrant de troubles de la santé selon une méthode globale de médecine alternative. Le nouveau diplôme fédéral garantit un niveau uniforme et une haute qualité de traitement.
En avril 2015, le Secrétariat d‘Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI) a approuvé le règlement d’examen professionnel supérieur pour les naturopathes après 15 ans de procédure. La profession de naturopathe distingue quatre disciplines : médecine ayurvédique, homéopathie, médecine traditionnelle chinoise MTC et médecine naturelle traditionnelle européenne MTE. Il existe, dès l’année 2016, des formations qui peuvent être sanctionnées d’un examen professionnel supérieur dans les quatre disciplines. Les personnes qui pratiquent déjà peuvent, elles-aussi, se présenter à cet examen.
Le nouveau profil professionnel fédéral et l’examen supérieur ont été préparés par l’Organisation du monde du travail Médecine alternative de Suisse OrTra MA (www.oda-am.ch). Il s’agit de l’organisation faîtière de onze associations de médecine alternative; elle a rempli avec succès, sous surveillance du SEFRI, le mandat confié par le peuple suisse avec la votation de 2009 sur les médecines complémentaires.